mardi 25 octobre 2011

Avant, j'arrivais à rentrer dans la panière à linge, ça me faisait une cabane et c'était chouette.

Parce qu'au fond, on est de grand(e)s enfants.


Aujourd'hui, j'ai vu des chaussures magnifiques, il n'y avait pas ma taille, j'étais rassurée, elles étaient chères. 
On appelle ça le raisonnable forcené. Normalement dans ce genre de situation, je pleure, je trépigne, j'en veut au monde entier de m'avoir donné cette pointure. Il parait que ça ne se fait plus quand on grandit. Alors quoi, je suis grande ça veut dire ?

Quand on est tout petit, quand on est mineur, quand on est adolescent on veut toujours être plus grand. "Vivement que je parte de chez moi", "Vivement que je fasse ce que je veux", "vivement que j'ai plus maman sur le dos". Et puis ce jour arrive. Ce jour ou ça y est, on quitte le domicile familial. Ce jour ou on a son Bac, ses 18 ans ou presque, son permis, son mètre 77. Ce jour on se dit, ça y est c'est le début de la liberté. On se pense  grand.
On se dit que tout est possible, les sorties à tout-va, les repas quand on le veut et surtout ce qu'on veut. On se dit qu'on peut sécher les cours, qu'on a un compte en banque illimité. On pense que c'est ça être grand, c'est tout faire sans peur de représailles ou conséquences quelconques.

Et puis un jour on se réveille, on n'a plus de sous, on est seul dans sa chambre étudiante, on n'a rien dans le frigo, on en a marre de manger des céréales. Autour de nous c'est le bazar, on n'a plus rien à se mettre, l'évier déborde de vaisselle sale. Alors on prend notre courage à 2 mains, on fait des économies, on fait une salade, on range. Et là on se dit: ça y est, maintenant je suis grand.
En fait, qu'est ce que ça veut dire être grand maman ?
Est-ce que c'est pouvoir vivre une semaine sans l'aide des parents ?
Est ce que c'est parvenir à se raisonner, en disant "Non je ne viendrais pas boire un verre, c'est juste financièrement".?
Est-ce que c'est être capable de faire des courses tout seul?

Quand on y pense, plus on grandit, plus on a d'emmerdes. Nos préoccupations ne tiennent plus sur un ticket de métro, nos responsabilités grandissent alors que nos coeurs fléchissent.
Quand on grandit on doit confronter sentiments et rationalité. Quand on grandit on doit anticiper tout, tout le temps. Chaque achat, chaque acte a des conséquences. Quand on grandit on culpabilise 3 semaines quand on s'offre un super concert à Paris.
Quand on grandit on s'en fiche quand on arrive à son anniversaire (ce qui prouve donc que je suis encore une enfant).

Grandir, c'est souffrir. L'enfance c'est l'innocence. C'est assez réducteur comme phrase mais finalement c'est vrai non ? A 8 ans, on n'a rien à quoi penser, sauf peut être ce qu'on va faire pour que demain, dans la cour de récré, Manon veuille bien jouer avec nous. A 13 ans, on pense qu'on vit le pire moment de sa vie, on a des boutons partout, les premières dissertations, les garçons qui sont si bêtes mais pourtant si attirants. On est invité aux premières booms mais on n'a pas le droit d'y aller.
A 15 ans, on rentre au lycée, on se croit grand, mais on est encore tellement suivi. On pense que la vie est totalement injuste, que les journées de cours sont trop longues, mais on a un petit copain et plus d'appareil dentaire.
A 16 ans arrivent les premiers problèmes sérieux. On se sent minable parce qu'on a pas encore couché (OMG!), on a hâte d'être majeur pour se sentir enfin important, on s'inscrit au code mais on n'y va pas, parce que de toute façon on pourra pas conduire avant 2 ans.
Mais pendant toutes ces périodes, les parents s'occupent de faire à manger, de venir vous chercher, de vous emmener, de nettoyer la maison, de rapporter de l'argent. Ils s'occupent de votre argent de poche, de votre forfait téléphone, de l'Internet à la maison. Ils s'occupent de vérifier que vous êtes heureux, et vous ingrats, voulez juste partir.

Et puis, une fois partis depuis 2 ans, après avoir jouis de tous les avantages de la vie en solo, après avoir écumé tous les bénéfices des bourses de l'état, après avoir fait tout ce dont vous étiez interdits chez papa et maman, arrivent tous les vrais problèmes de presque grands.
Choisir un avenir, le réussir, gagner son premier argent, payer ses loisirs, ses extras, ses repas, ses trajets. Faire ses courses, et réfléchir à ce qu'on va manger en fin de semaine, réfléchir comme les adultes en terme de "légumes le soir, féculents le midi". Ne pas passer au rayon sucrerie, chercher les promotions, les produits moins cher. Réfléchir en terme réel : Un pot de Nutella, c'est 8 paquets de pâtes, et  37heures de sport pour éliminer.
Parce que quand on grandit on âge, on ne grandit plus en taille, on n'a plus l'excuse de la pleine croissance. Le médecin nous dit de stabiliser maintenant.

Quand tout ça sont les constatations faites à la longue par un personne pas encore grande, on peut toujours se poser la question, de "grandir c'est quoi?".
C'est ne plus boire de chocolats chauds, parce qu'on n'aime plus le lait (Et qu'on le digère mal, sauf le Lactel). C'est boire du café parce qu'on est trop surmenés par le travail et les émotions. C'est se trouver moche un peu plus tous les jours en se regardant dans la glace. C'est dire vivement la retraite alors qu'elle est synonyme de ménopause, de cheveux blancs et de peau flétrie. C'est penser d'abord à ses enfants avant de penser à soi. C'est réfléchir, tout le temps trop. C'est peser le pour et le contre de chaque situation.

Les grands, ils ne sont pas spontanés, les grands sont trop prévisibles, les grands ne sont pas extravagants. Les grands disent toujours qu'ils aimeraient bien mais qu'ils ne peuvent pas.

Alors moi peut être qu'un jour je déciderais d'être grande. Mais pour l'instant j'aime bien faire des choses improbables, pas raisonnables. J'aime bien dépenser mon argent du mois dans un paire de chaussures, et même si je commence à avoir des états d'âme, j'aime bien manger du Nutella.
Alors malgré toutes les responsabilités et les petits soucis de la vie en autonomie, je pense qu'être grand est un état d'esprit.
A force de garder des enfants je sais, que c'est pas pour moi pour l'instant. Je suis encore trop bébé dans ma tête pour penser à arrêter de faire la fête.
Alors en alliant responsabilités et irrationalité, peut être qu'on peut rester jeune toute sa vie? Parce que quand on a 18 ans au final, c'est vraiment le pied, d'être grand, mais pas trop.


Parce qu'on est toujours émerveillés devant les comptes de fées..

jeudi 20 octobre 2011

I'm with you. Oh oui.




Quand j'ai appris au mois de Juillet que les Red Hot Chili Peppers se produisaient en concert dans ce qui est pour nous une immensité, mais pour eux un club privé, à Paris Bercy, j'ai cru que j'allais m'évanouir, il m'a fallut 10 minutes pour m'en remettre. Manque de bol, c'était aussi le temps qu'il a fallu pour écouler les 17 000 places. Je suis passée du rire aux larmes en l'espace d'un clignement d’œil.

Quand après une multitude de péripéties j'ai finalement réussi à décrocher les tickets brillants de l'évènement, j'ai tellement attendu la date clé avec impatience que j'ai failli la louper. Il faut dire, ce n'est pas les publicités sur l'évènement qui ont repeint toutes les surfaces. Pas d'affiche, pas de buzz radio, à croire qu'il s'agit d'un groupe inconnu. En fait, après mure réflexion c'est l'inverse. Ils n'en ont pas besoin de publicité, les fans sont tellement au courant rapidement que les places se vendent et revendent avant que Paris ne se soit éveillée.

19 Octobre 2011, la salle est à son comble. Il fait 35 degrés dans la fosse, on a environ 40centimètres d'espace vital, on est enfumés, les pieds dans une marre de bière mais on est là on attend. Le pauvre groupe de la première partie, tout le monde l'a oublié. Quand le groupe d'Anthony Kiedis arrive enfin sur scène, c'est l'ovation, le début de la soirée. Les pogos, les danses sont lancés, ils s'attaquent directement à un gros gros morceau : Dani Californication. La foule est déchaînée, les musiciens en grande forme.

Quand Anthony Kiedis et son accent Californien s'adresse à Paris, mon coeur lâche. Je suis amoureuse. Ils commencent par nous chanter leur nouvel album "I'm with You" puis reviennent sur les classiques. "City of Angels", tout le monde sort les briquets, "Californication", pour la clôture, histoire qu'on reste dedans jusqu'au bout, même si je doute qu'il y ait eu un risque de décrochage. Ces hommes sont des bombes atomiques. Ils gèrent la foule comme on ne peut pas mieux faire, le cadre est génial. Les gens sont en totale osmose avec les artistes. Le solo du guitariste sur Californication donnerait envie à tous de faire de la guitare (pour ensuite déprimer de n'arriver même pas au niveau de sa chaussette sale...). En cours de concert le chanteur, par un trop plein d'énergie enlève son T-shirt et dévoile sa musculature et ses tatouages. De quoi damner une bonne soeur. Et puis Flea à la basse .. Sans parler du solo du batteur pour finir le concert..
C'est décidé, je quitte tout, je part en tournée avec eux en tant que groupie numéro 1. Je les suivrai partout, même (et surtout) dans leur lit ! 

Quand on assiste à ce genre de déchainement humain, à ce type de bombe atomique du son, quand on se laisse aller à ce genre d'évènement, on comprend pourquoi on est sur Terre. J'y suis allée, j'ai vécu, j'ai vibré. A 23h, quand le concert a pris fin, j'étais assoiffée, trempée, les chaussures dans une piscine de bière, les poumons enfumés de tabagisme passif, les cheveux dans les yeux, la voix cassée mais j'en redemandais, encore et encore, comme les 17 000 autres autour de moi. Les Red Hot, c'est 2h de pure plaisir, de jouissance auditive, ils l'avaient dit, ils seraient avec nous, ils étaient en nous. Et ils le sont toujours. Hier soir j'étais en Californie. Aujourd'hui j'ai encore des étoiles dans les yeux, les chansons dans la tête. Et demain j'achète l'album.




That's why I'm alive. And if you want that kind of dream it's Californication.