mardi 2 juillet 2013

Et si la réponse était « Je ne sais pas » ?




Quand on commence à grandir et que les années d’études s’enchaînent, on obtient les diplômes et certificats les uns après les autres. On enchaîne les stages pour se professionnaliser. Sans qu’ils n’aient de véritable rapport les uns avec les autres. On découvre, on prend son temps. Jusqu’à ce qu’on nous fasse comprendre que le temps court plus vite que quiconque n’en aura jamais la possibilité (même avec des chaussures magiques).

Et puis on commence au fur et à mesure des années à devenir la source principale de questionnement des membres de sa famille, notamment dans les générations nous précédant. Qu’il s’agisse de véritables curiosités ou de prétendu intéressement – plus par perte du fil et recherche d’un sujet de conversation – en repas de famille et en grands regroupements, on devient l’assaut des oncles et tantes. Les félicitations, les sourires béats et les regards interrogateurs vont ainsi devenir notre repas pendant une bonne vingtaine de minutes. Si ces discours et questions peuvent être flatteurs, ils n’en sont pas moins perturbateurs. En venant de valider une licence d’information-communication, en ayant effectué plusieurs stages et petits emplois dans le milieu, on a bien sur une idée du métier qu’on veut exercer plus tard. Mais ce plus tard reste dans ma tête, vraiment plus tard. C'est-à-dire qu’aussi concluantes nos années d’études puissent-elles avoir été, on n’arrive pas vraiment à s’imaginer déjà fixés dans notre emploi. Personnellement, je suis aujourd’hui incapable de répondre à la question « Et alors, toutes ces études, c’est pour faire quoi plus tard en fait? » sans être floue, vague, et essayer de faire comprendre des choses incompréhensibles même dans ma tête. Oui je veux avoir un poste à responsabilité. Oui je veux agir dans le cadre de l’information et de la circulation des idées, idéaux et imaginaires. Oui je veux écrire, discuter, bouger. Mais à ce stade de notre vie et de nos études, on n’a pas d’idées précises de l’entreprise dans laquelle on veut travailler, ni même de l’intitulé exact de notre emploi idéal. Et quand bien même on aurait une idée de notre job de rêve, la plupart du temps, ce dernier n’existe pas.

Allez expliquer à des personnes qui sont admiratives de votre parcours, qui n’en reviennent pas de toutes ces lignes dans la catégorie « formation » de votre CV que la réponse à toutes leurs questions est simplement « Je ne sais pas ! » (Ou un gros pouet d’ignorance, pour être plus juste). La question est peut être purement générationnelle, ou c’est assez nouveau d’avancer sans avoir de but précis. On avance, on teste et on verra bien. C’est plutôt ma manière de fonctionner. La filière que j’ai choisie est peut être trop vaste pour se fixer rapidement. Ou bien est-ce moi qui ai des difficultés à me fixer.
En information-communication on nous apprend à être attentifs, à étudier notre environnement. On nous apprend à avoir l’œil et on nous donne goût aux médias et à toutes les nouvelles technologies. On goute à l’évolution, on est plongés au cœur du progrès. On nous impose une ouverture sur le monde et ce qui s’y passe, à avoir une approche stratégique des phénomènes sociaux pour parvenir à les faire comprendre, à les faire accepter. Le problème en est qu’on nous amène à aimer la pluridisciplinarité et la polyvalence. On a envie de tout voir, de tout faire, de tout apprendre sans qu’on nous en donne le temps. Une licence en trois ans, c’est bien trop court pour savoir quel domaine de ces études nous captive plus que les autres. Pour savoir par quel artifice on va parvenir à tout comprendre, et à tout vouloir maîtriser. En information-communication on y rentre avec un but précis à l’origine. Et puis l’initiation portant ses fruits, on veut prolonger, poursuivre, continuer à découvrir et apprendre pendant longtemps encore.
Mon métier de rêve ? Découvrir. Voyager. Comprendre. Expliquer. Améliorer. Partager. Communiquer. Une seule formation professionnalisante est à la fois trop et trop peu. Comment choisir, et comment parvenir à développer toutes les compétences nécessaires à une présence sans interruption dans le monde qui nous entoure ?

Quoi qu’il en soit, à l’instant où l’on est censé choisir une spécialisation, un master, j’ai préféré fuir et découvrir les études dans un autre pays. Une année, ou presque de répit, pendant laquelle je vais pouvoir approfondir mes connaissances dans tous les sens du terme. Et lorsqu’on me demande le but exact de ce séjour de longue durée, je n’ai qu’une réponse en tête : Erasmus. Merci à ce programme de tout dire par lui-même. Une pause, linguistique, une découverte, une ouverture internationale et surtout une excellente opportunité pour les rencontres, les voyages et une expérience enrichissante au cœur des études. Alors le 23 août, direction l’aéroport pour mon séjour dans les terres suédoises.

Et si on vous demande ce que je fais après, répondez-leur « on verra ». 



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